par CROC-MIGNON » jeu. 3 août 2017 23:34
A la lecture de ces messages, je vois une erreur classique que j'entends très souvent : plus de puissance pour vaincre un courant. NON !!! On ne peut jamais vaincre un courant ! Inutile d'augmenter la puissance pour cela.
Rappel de la dynamique d'une coque:
* Une coque à déplacement, c'est le cas du First 18, a une vitesse limite liée à sa longueur de flottaison. Pour notre bateau, c'est environ 5,5 noeuds. Une fois cette limite atteinte, on ne peut la dépasser qu'en faisant déjauger le bateau, en le faisant planer.
* On ne fait pas planer un First 18 au moteur, à moins de monter une puissance délirante. N'oublions pas que la voile est considérablement plus puissante que nos moteurs auxiliaires.
* Un bateau se déplace toujours sur la surface de l'eau et jamais sur la surface du fond de la mer. Si le bateau atteint X noeuds en surface, il les atteint toujours quels que soient les courants.
* Si le courant va dans le même sens que la marche du bateau, il ira très vite par rapport à la terre, dans la cas contraire, il ira très lentement voire reculera.
* Quelle que soit la puissance du moteur, un First 18 ne vaincra jamais un courant de plus de 5 noeuds.
* Ce que l'on peut vaincre avec plus de puissance, c'est ce qui freine le bateau. Je répète qu'un courant ne freine pas le bateau (est-ce qu'un tapis roulant freine le marcheur qui est dessus ?) Ce qui freine, c'est un vent de face, c'est une carène sale, c'est une annexe à la traîne, c'est un bateau surchargé qui est plus enfoncé, etc.
Puissance nécessaire:
J'ai l'expérience de plusieurs moteurs que j'ai possédés:
* Honda 2,3cv 4 tps. Cette faible puissance est suffisante pour atteindre 4,8 noeuds soit presque la limite possible. Mais ce moteur de faible cylindrée est pauvre en couple donc peu apte à vaincre les freins. Une carène sale fait chuter la vitesse de 1 noeuds, le vent fort de face aussi. (Le couple est grossièrement proportionnel à la surface du piston, à puissance égale, une grosse cylindrée peu poussée aura donc plus de couple qu'un petit moteur rageur.) La légèreté est un atout pour les manipulations. La faible capacité du réservoir est gênante pour des trajets prolongés. Le refroidissement par air simplifie la maintenance. L'embrayage centrifuge façon Mobylette est bien pratique. Poids réel 13,3kg réservoir vide, 14kg réservoir plein.
* Suzuki 4cv 2tps. On ne va pas plus vite qu'avec le 2,3cv, mais le couple supérieur donne une marche plus constante. Le véritable inverseur est bien plus agréable que le retournement. La possibilité d'une nourrice séparée améliore considérablement l'autonomie. En 2 temps, il pèse moins lourd que les 4 temps. Poids réel 17kg réservoir vide, nourrice séparée. De tous les moteurs que j'ai possédé, c'est le plus adapté au First 18.
* Tohatsu 6cv 4tps. Pratique, puissant, coupleux, mais lourd, très lourd, trop lourd, 26kg.
Coté pratique du moteur:
* Les moteurs à réservoir intégré ont une faible autonomie. Remplir dans les vagues n'est pas facile, il faut utiliser un tuyau à poire plutôt qu'un entonnoir. Moteur pour les manoeuvres portuaires seulement.
* Une nourrice séparée est beaucoup plus adaptée aux trajets prolongés.
* Un peu de couple est la garantie d'une marche régulière (grosse cylindrée), mais inutile de rajouter de la puissance (moteur poussé), cela ne sert qu'à consommer davantage et surtout pas à vaincre un courant !!! (Je répète, on navigue sur la surface de l'eau, que celle ci soit ou non mobile par rapport à la terre.)
* Un véritable inverseur est très pratique. Bien plus pratique que la marche arrière par retournement.
* Plus c'est léger et mieux c'est.
Les 4 tps monocylindre actuels:
3 classes:
* Les tout petits. Honda 2,3cv, Suzuki 2,5cv. C'est le choix incontournable des régatiers. Ils ont une carène propre, un moteur léger qui ne sert qu'à quitter le quai.
* Les moyens. 3 et 4cv. C'est le bon poids et la possibilité d'une nourrice séparée, mais c'est, hélas, la marche arrière par retournement.
* Les gros. 4 à 6 cv, ce sont les mêmes moteurs avec des brides pour en limiter la puissance. Inverseur et nourrice, c'est pratique, mais le poids c'est trop. Ce sont pourtant les moteurs les plus répandus sur nos bateaux. Même cylindrée, même couple, le 4cv ira aussi vite que les 5 ou 6cv.
* Les trop gros. A partir de 6cv commence des bi-cylindres, beaucoup trop lourds.
Les 2 tps 4cv:
* Interdits en neufs par respect de l'environnement, ce ne sont plus que des moteurs d'occasion.
* C'est le meilleur compromis pour un first 18 excepté pour la pollution. Léger, bien assez puissant puissant et coupleux pour atteindre la vitesse limite de coque, avec inverseur et nourrice séparée. La mécanique est bien plus simple que celle d'un 4 tps.
* Ces moteurs existent en bi-cylindre (Jonhson, Evinrude). Plus ronds qu'en mono-cylindre (Yamaha, Suzuki).
Et les moteurs électriques ?
* Un seul adapté au First 18, le Torqeedo 1003 avec la grosse batterie de 915 Wh (il existe une petite de 520Wh et une très petite de 300 Wh).
* Comportement très différent d'un moteur thermique. Couple très supérieur au ralenti, mais n'augmentant pas avec la vitesse, laquelle fait grimper en flèche la consommation.
* Excellent moteur de manoeuvre portuaire, vrai inverseur à la poignée. Le meilleur choix possible pour un régatier.
* Bonne autonomie à faible vitesse, autonomie faible à grande vitesse. La plus grande distance possible s'obtient en marchant entre 2 et 3 noeuds seulement.
* Très léger, d'autant plus que l'on peut séparer la batterie et la relier par un câble.
* Commande à distance également possible.
* Pas de bruit, pas d'odeur, on rentre le moteur dans le bateau et on ramène à la maison une batterie de 4kg seulement pour recharge.
* Le plus gros inconvénient, un obstacle pour beaucoup, est le prix très élevé, proche de 2000 euros.
J-M