CROC-MIGNON a navigué pendant le pont du 15 août.
Cathy HAGET avait remisé son First 18 quillard pour faire équipe avec moi. Nous avions décidé de partir où le vent nous porterait. En fait, nous avons essayé d’adapter le parcours aux conditions météo, pour avoir de belles journées de navigation, mais pas trop harassantes (vive les vacances), en suivant les rotations prévues du vent pour éviter le près serré autant que possible.
Nous avons été comblés : dimanche 13, Pénerf==>La Baule, 25 miles ; lundi 14, La Baule==>Hoëdic, 25 miles ; mardi 15, Hoëdic==>Pénerf, 15 miles. Du près et du spi, de 2 à 18 nœuds de vent, presque toujours du soleil et jamais de pluie, des mouillages forains paisibles.
Dimanche 13 août :
• Avitaillement le matin. L’équipière reprend contact avec le bateau sur lequel elle n’avait pas navigué depuis notre rassemblement aux Glénan.
• Départ au moteur car le vent est pile dans l’axe du chenal de sortie. Envoi de la toile une fois la dernière balise franchie. Cap au sud. L’annexe est abandonnée pour trois jours sur la bouée de corps mort.
• L’Île Dumet est contournée par l’est, entre l’île et le parc à moule. Un biquille était curieusement échoué sur le sommet du haut fond bien signalé sur les cartes. Lesquelles sont douteuses car nous sommes passés bien à l’est, là où nous aurions dû rencontrer trois mètres d’eau, et nous avons très légèrement gratté le fond, bien visible dans l’eau transparente. Il est probablement plus sage de contourner le parc à moules par l’est pour bénéficier d’eau profonde et libre de tout obstacle.
• Le spi est envoyé à la hauteur du Croisic, il nous accompagnera jusqu’au fond de la baie de La Baule.
• Le pilote fait bien son travail, sauf proche du vent arrière avec un peu de houle, il est alors perdu.
• La mer était curieusement déserte pour un week-end de 15 août. Mais une fois la passe de Penchâteau franchie, c’est un déferlement de scooters, petits bateaux à moteurs, sillonnant et agitant le plan d’eau à grand bruit et grande vitesse, avec des trajectoires imprévisibles.
• Mouillage à la lisière des bouées jaunes au niveau de la roche de la Grande Jument.
• A « l’heure de l’apéritif », le motonautisme excité disparaît d’un coup. Nous ne sommes plus que deux voiliers à passer la nuit en baie. Il y a vingt ans, nous étions des dizaines.
• La nuit est paisible. Le front de mer, bétonné, pas très beau le jour, prend une autre allure avec les éclairages nocturnes.
Lundi 14 août :
• Comme prévu, le vent est passé au nord-est.
• Relevé de l’ancre sous GV seule, puis envoi immédiat du spi. Direction ouest vers la sortie de la baie.
• Nous sommes accompagnés par le même motonautisme que la veille au soir, façon nuée de moustiques. Il disparaîtra peu après les bouées de la passe de sortie.
• Direction Hoëdic, Houat ou Belle Île, selon la vitesse, on verra…
• La mer est déserte. On ne croisera dans la journée qu’un voilier et trois motor yachts de grande taille. Quelques bateaux au loin, peu nombreux et très loin.
• A la bouée Goué Vas, au sud du plateau du Four, il faut se rendre à l’évidence que le vent très faible, entre 2 et 4 nœuds, ne nous permettra que l’escale la plus proche. Ce sera donc Hoëdic. Nous infléchissons la route de 30° vers le nord, et le génois remplace le spi.
• Le pilote barre très bien dans le vent faible, mais dans la pétole totale il est dépassé par les évènements. De même lorsque le vent instable tourne ; il lui manque un « mode vent ».
• En s’approchant d’Hoëdic, le vent devient de plus en plus serré.
• Atterrissage au niveau des Grands Cardinaux, enchaînements de virements pour contourner par l’est une zone mal hydrographiée jusqu’à la tourelle est Er Gurannic’h, puis cap au sud-ouest vers la côte.
• Mouillage à la tombée du jour au fond de la baie du Grand Mulon, bien abritée du vent prévu de nord-ouest durant la nuit.
• Curieusement, les voiliers sont nombreux au mouillage alors que nous en avons vu très peu en navigation. Nous sommes le « minuscule » de la flotte !
• A la nuit, des plaisanciers tirent un petit feu d’artifice depuis la plage, suivi peu après du feu municipal du 15 août, tiré du port, dont les fusées hautes étaient bien visibles.
• Mouillage extrêmement paisible, non rouleur, bien abrité.
Mardi 15 août :
• Le départ à la voile est un peu scabreux car le mouillage est encombré. Le vent de nord-ouest oscille entre 10 et 12 nœuds. Réduire un peu la GV permet des manœuvres plus faciles à contrôler ; bienvenue au premier ris.
• Lequel est vite largué. Cap au 45, vers l’entrée de la rivière de Pénerf.
• A mi-parcours, le vent tourne un peu plus à l’ouest et forci. L’anémomètre indique 18 nœuds. Le retour du premier ris est bienvenu. Si le cap était plus serré, il faudrait réduire davantage.
• La houle se fait plus forte et plus courte, avec des crêtes qui moutonnent. Vent et houle de travers, puis à 120°, les embardées deviennent trop dures à gérer pour le pilote. Barrer manuellement est beaucoup plus précis.
• On croise un Pogo 850 sous spi faisant route vers Piriac. La houle ne semble pas le déranger. Il va droit et sans bouger, voiles hautes et bien pleines. Un beau bateau !
• Passée la bouée Penvins, la houle se fait plus modeste, atténuée par le plateau rocheux qu’elle doit franchir.
• Après la tourelle du Pignon, on affale le génois, puis la GV en approchant des premiers mouillages.
• C’est marée presque basse. Il y a encore du courant qui sort et le vent qui rentre. Selon le fardage et le pied dans l’eau, les bateaux évitent différemment. Il y en a dans tous les sens. On se base sur un First 25 en se disant que nos silhouettes étant proches, les deux bateaux devraient se comporter de façon similaire. Nous abordons donc notre bouée dans le même sens que ce cousin. Et bien c’était vu juste, l’amarrage s’avère facile.
• L’annexe nous attendait avec impatience.
• C’est l’heure du rangement et du débarquement à hauteur de la vieille bergerie. Transfert un peu agité comme souvent à Pénerf. A marée basse, impossible de pénétrer dans l’anse du Dibenn, il faut accoster la grève exposée et porter bagages et annexe à travers la caillasse glissante.
Retour à la maison, douche, lessive… Le rappel des réalités du quotidien n’arrive toutefois pas à effacer les images d’une très belle croisière par beau temps. Nous n’aurons parcouru que 65 miles au total (25 + 25 + 15), mais en prenant le temps de se lever tard et de rentrer tôt, de négocier avec un vent faiblard, et de n’avoir qu’un petit bateau.
Il nous a manqué une boite à pêche et une boite de jeux de société pour s’occuper pendant les calmes, ou lorsque le pilote est meilleur que nous. C’est inscrit sur la liste des choses à préparer pour la prochaine croisière…
En consultant ma messagerie, agréable surprise. Un des rares bateaux à nous avoir croisé nous a photographié et, via la capitainerie du port de Foleux, nous envoie les images. Délicate attention…
Jean-Michel