par CROC-MIGNON » jeu. 6 nov. 2014 01:07
Révisons notre trigonométrie, le sinus de l'angle, et voyons les effets sur la quille relevable. Mon propos est étayé par mon expérience de propriétaire de First Class 7 et First 18, et de nombreuses sorties sur le First 235 d'un copain.
Partons de la position quille basse, c'est à dire descendue à fond jusqu'à ce que la vis flotte puis revissée juste assez pour la mettre en contact plus un tour pour éviter les battements du lest.
Lors des premiers tours de vis, on constate que la lame recule nettement mais ne se relève pas beaucoup. L'effet sera une inclinaison plus importante du bord d'attaque, un recul du centre de dérive et de la surface mouillée, mais peu de relèvement du centre de gravité et peu de variation du tirant d'eau.
Lors des derniers tours de vis, lorsque la lame va se plaquer contre la coque, on obtient l'effet inverse, la lame se relève beaucoup mais ne recule pratiquement plus. Le tirant d'eau diminue rapidement et le lest remonte ce qui diminue nettement la stabilité du bateau.
En navigation sous voile, il est inutile et dangereux de relever la quille de plus de la moitié. Comptez vos tours de manivelle pour savoir combien cela fait car il semble bien que toutes les vis sans fin ne soient pas identiques et cela varie de 40 tours à 55 tours pour un First 18. Pour mon bateau, c'est 40 tours. La navigation quille complètement relevée ne se justifie que pour des manoeuvres au moteur, échouage ou remontée sur remorque, ou très exceptionnellement pour se sortir d'un échouage involontaire !!!
Un aileron très étroit et profond, comme le notre en position basse, a un très bon rendement mais décroche brutalement si la vitesse est trop faible. Le phénomène est moins marqué avec un aileron moins allongé. Par tout petit temps on a donc intérêt à relever entre 5 et 10 tours au près si le bateau perd sa vitesse, surtout en sortie de virement. On se place avec un lest moins profond et plus étendu longitudinalement. Le cap général sera moins bon, mais on évitera d'être emporté en crabe sans pouvoir rien faire si la vitesse s'écroule et le bilan peut être favorable.
Dès le bon plein, un léger relevage de 5 à 10 tours aura pour effet principal d'incliner le bord d'attaque ce qui diminue un peu la traînée. Pas beaucoup, mais un peu.
Du largue au vent arrière, un relevage entre 10 et 20 tours recule le centre de dérive et la surface mouillée ce qui stabilise la trajectoire et évite les embardées genre départ au lof, surtout dans la brise. Le centre de gravité remonte un peu, pas beaucoup, et c'est sans importance à ces allures, et il recule ce qui est favorable pour lutter contre l'enfournement.
Ne pas oublier que manoeuvrer la manivelle de lest mobilise un équipier à l'intérieur du bateau et prend du temps. Pour de tout petits bords, je ne touche jamais à la quille que je laisse basse. En solo, je la laisse basse ou remontée de 3 à 5 tours, position de compromis. Avec un équipage de trois personnes et pour des bords suffisamment longs, j'en joue comme décrit dans les paragraphes précédents, de 0 à 18 tours. En duo, c'est variable. Si les bords sont longs et stables, que le barreur peut tout gérer seul pendant un moment, l'équipier va jouer de la manivelle. Si la route nécessite d'incessants réglages où les bras sont bienvenus ou que la longueur des bords est un peu juste, il y a généralement davantage de bénéfice à rester participer à l'activité du pont qu'à déplacer de la fonte à fond de cale.
Attention a un piège classique : On a remonté la quille au portant puis, après une marque de parcours, se présente un bord de près et on oublie de la redescendre ! Il faut le faire assez à l'avance et en tout cas avant d'être pris dans les manoeuvres d'affalage du spi et de renvoi du foc ou pire, de s'apercevoir que la cap au près est nul et qu'il faut quitter le rappel pour rentrer dans la cabine. Il est considérablement moins pénalisant de redescendre la quille trop tôt que trop tard. Idem pour ceux qui auraient creusé leur GV du grand largue au vent arrière en relâchant hâle-bas, pataras, drisse et bordure. Tout retendre, sauf le hâle-bas, avant d'affaler le spi, retendre le hâle bas sitôt le spi affalé et la compression du tangon supprimée, le risque de flambage du mat ayant disparu.
Jean-Michel